N'allez pas vous imaginer que je reviens avec une grande motivation sur la pointe de mon stylo. L'encre peut couler goûte à goûte car je dois réfléchir avant d'écrire. Avant j'écrivais en même temps que je pensais.

Cela doit donner un tas de brouillon sauvage que l'encre barbouillée sur l'écran ou la feuille amplifiera l'impression nauséabonde d'un creux livide.
J'ai les mots coincés dans la gorge, tu sais des mots horribles et sales, les seuls que j'ai le plus souvent utilisés mais que je m'étais interdis jusqu'a ce jour. 
A croire que je m'étais améliorée dans l'écriture noire, si parfaitement que mes paroles faisait fuir, je parlais comme j'écrivais.

"L'écriture nous sauvera"

C'est la seule phrase guerrière que mon moi intérieur puisse me fournir. Parce que vous avez peut-être connu la transe, la mienne s'exprime par les mots. Mais les mots ici, que je contrôle sans que l'on m'interrompt.
Je crois que cela fait maintenant huit ans que j'ai pris conscience que je régressais. Ou est ce seulement que j'avais pris conscience de ma propre existence et de sa fragilité?
Et je crois aussi que cela fait maintenant huit ans que j'ai avancé, je me suis enrichie, mais je pense encore que je suis au pied du mur avec le devoir de choisir...

Bien sur, bien sur... Choisir, est un mot bien difficile à aborder, il implique une perte, l'abandon de quelque chose. Ou de quelqu'un.
Mon point final exécute l'idée que c'est indéniable.

Je suis à un tournant de la vie, je suis encore mignonne et capable de fraicheur et d'entrain. Peu à peu je meurs et me détruit car je ne choisis pas.
Quand un animal est coincé que fait il?
D'un côté et de l'autre l'air me manque et surtout les chaînes sont toujours là, et elles ne disparaitront jamais totalement.

J'avais écris un poème sur les chaînes et la liberté, mais aujourd'hui je crois qu'il faut composer avec elles. Cependant... Suis-je poussée par le renoncement? Dans ce cas il serait légitime de dire que je fais fausse route et que les chaînes sont... Non, j'ai beau retourner le problème dans ma tête, mes chaînes ne sont qu'ajustables à cette horrible situation de vie.
Hahaha! Horrible moi? Non, voyons je devrais pleurer sur le sort de ces pauvres gens pires que moi, car il y a toujours pire que soi. Et me contenter de survivre dans un petit confort, que je vais me créer en travaillant bien sagement, payant mes facture et construisant une vie parfaite de modeste petite français qui tend vers l'ambition progressive.

Mais le problème c'est que je ne veux pas tout de suite vivre ça. Comprends moi: je regarde la vie de mes frères et je les envie. je vois les paillettes, la joie, je vois les amis ensemble et les choses d'une vie de jeune. Je vois les concerts, je vois toutes ces choses que j'ai abandonné comme ma première passion, ce qui me fait encore vibrer. Je pense que lorsque je vois le Japon je vibre encore un peu... Ou plutôt je tréssaute d'envie, mais d'une envie fade et morte, désespérée comme un projet gâché, une terre inaccessible.
Mais le sens même de ma vie s'y oppose de par sa complexité. Comment réussir à s'intégrer lorsque tu vis assis? Et non seulement que tu vis assis, mais en plus qu'un nombre de choses t'es interdit si tu ne veux pas souffrir d'avantage. Mes géniteurs complètements paniqués s'opposent à mon envie d'étudier, voudraient que je travaille de suite avant que le bateau ne coule.

Voilà ma prison, celle que je me suis crée, par inadvertance mais aussi par peur, et pas inexpérience.
Et maintenant. Si j'arrive à désirer quelque chose. Il me faudra en abandonner une autre.

Non, le principe de l'échange équivalent n'existe pas selon moi.